Mère Geneviève Gallois - Brise-idoles
Imaginez une artiste peintre, belle, intelligente, sensible, talentueuse, qui à vingt ans monte à Paris, promise à une grande carrière artistique, et qui se fait vite connaître par ses caricatures contre l’Armée, le Pouvoir, l’Église… Cette artiste révoltée s’appelle Marcelle Gallois.
Imaginez maintenant que la jeune femme vit une conversion fulgurante et décide d’entrer dans un monastère. Que, pendant de longues années, elle renonce à toute activité artistique, sans être autorisée pour autant (peut-être à cause de son très mauvais caractère…) à prononcer ses vœux perpétuels : Marcelle Gallois la révoltée est devenue sœur Geneviève et elle apprend, douloureusement, l’obéissance.
Imaginez enfin une rencontre assez improbable, entre Paul Alexandre, le mécène de Modigliani, et sœur Geneviève, la moniale cloîtrée, par le biais de dessins qu’elle a faits, proposés par le couvent lors d’une vente de charité. Paul Alexandre est subjugué par l’énergie créatrice de la religieuse. Il lui fait don d’une presse, lui commande des gravures, puis des vitraux. Parallèlement, sœur Geneviève peut enfin prononcer ses vœux. Elle devient mère Geneviève Gallois, artiste et bénédictine.
Elle m’a tellement plu, cette mère Geneviève, que j’ai écrit une pièce de théâtre sur elle, en m’inspirant de ses notes spirituelles, de sa correspondance, ou des légendes pleines d’humour de ses dessins. Mère Geneviève y côtoie sa famille, les religieuses de l’abbaye Saint Louis du Temple, le docteur Alexandre, son amie Marie Laurencin, et même sa délicieuse créature imaginaire : le Petit Saint Placide...
Lisez la pièce ! Regardez les belles reproductions d’œuvres qui l’accompagnent ! Et… bon « spectacle dans un fauteuil », comme aurait dit Musset !
Véronique Maas