Histoire Illustrée de l'Hyperactivité

Ce livre sur le TDAH est d'abord le résultat d'un long et patient travail de bibliophile et de collectionneur qui pendant plus de 15 ans a accumulé des ouvrages anciens de médecine, de psychologie et de thérapeutique, des flacons et des publicités pour des médicaments désuets prescrits à des générations d'enfants.
Alors que le virage consumériste de la société fait craindre partout un effet de la publicité ou des lobbies industriels, la lecture de ces anciens ouvrages de thérapeutiques montre qu'il existe déjà depuis longtemps une demande de traitements destinés à contenir l'hyperactivité.

L'enfant turbulent est à la naissance de la littérature enfantine, d'abord destinée aux parents pour les mettre en garde contre ce que nous appelons aujourd'hui des accidents domestiques, elle s'adresse ensuite aux enfants. Elle sera illustrée par les plus célèbres de nos écrivains et illustrateurs, Balzac, la comtesse de Ségur, Bertall, Trim, etc. Dans tous les pays, c'est un thème majeur des best-sellers du genre depuis deux siècles.
L'histoire du TDAH nous ramène aussi aux débuts de la psychologie et de la pédiatrie à la fin du XIXe siècle, il y a moins de 150 ans. En France, c'est la comtesse de Ségur qui écrit la première un livre de puériculture en 1855, et la pédiatrie ne sera enseignée qu'à partir de 1878. De même la psychologie ne s'individualise de la philosophie qu'encore plus tardivement et ne devient une science expérimentale que bien après la physiologie.

Cependant, dès le XVIIIe siècle, des philosophes identifient l'attention comme une des fonctions centrales de la capacité de l'esprit à produire sa pleine puissance intellectuelle. Théodule Ribot, fondateur de la psychologie en France, s'intéresse dès ses premiers travaux à l'attention et remarque sa relation opposée avec l'activité motrice spontanée. il faudra cependant attendre les années 1980 pour que des chercheurs outre-Atlantique mettent au premier plan l'importance du déficit de l'attention chez les enfants « hyperactifs ».

Comme souvent en médecine, l'observation empirique de l'effet des traitements précède parfois de longtemps la compréhension de leur mécanisme d'action. il en est de même pour les stimulants de l'attention qui paradoxalement diminuent l'agitation psychomotrice. Dès 1938 l'action bénéfique de l'amphétamine est démontrée chez les enfants agités tant sur le plan du comportement moteur que des résultats scolaires. Ce sont probablement les plus vieux traitements de la pharmacopée, antérieurs aux antibiotiques et aux corticoïdes qui eux aussi ont connu des périodes de gloire mais aussi de suspicion.
Alors que la foi dans un avenir meilleur semble avoir abandonné la plupart des occidentaux, l'avenir de leurs enfants devient un sujet de préoccupation majeur. La réponse universelle de la société passe par la réussite scolaire qui n'est plus un simple souci d'égo mais une vraie angoisse existentielle. Comment reprocher aux parents de vouloir le meilleur pour leur enfant en échec à l'école ? Sous cet angle, le déficit de prise en charge et de traitement du déficit d'attention / hyperactivité – une cause importante d'échec scolaire – n'est pas seulement une querelle de spécialistes, car les enfants des moins bien informés subissant une perte de chance, cela en devient un vrai scandale social, une société où certains réussissent et d'autres ne sont rien…